La dépêche du dimanche : C’est Bibip
qui a tatoué ta jambe gauche, n’est–ce pas ?
Michel : Oui, c’est bien lui. Il est fort tu sais, quand
on le regarde travailler c’est incroyable comme il est inspiré,
il n’hésite pas, il va vraiment très vite.
Là, sur le côté de la jambe, on voit un plat
de fruits, un grand plat en bois, mais avec une tortue dedans. De
chaque côté ce sont les poignées du plat ?
La
dépêche du dimanche : Tu dis que tu mets une tortue
dans le plat, c’est parce que tu veux la manger ?
Michel : Oh ! Mais oui, je veux bien la manger, c’est
vraiment bon ça, et tu sais, un pêcheur, quand il peut
attraper une tortue, il ne la laisse pas repartir, il pense au bon
repas qu’il va faire. Mais ça c’était
avant, car maintenant, c’est interdit.
La
dépêche du dimanche : Et pour tatouer le plat,
cela a pris combien de temps ?
Michel : Oh ! Même pas trois heures, ensuite nous
avons laissé passer deux mois. Il a tatoué le haut,
c’était vite, même pas deux heures. Par contre
pour le bracelet de cheville, je ne sais pas combien de temps cela
a pris parce qu’en même temps on faisait la bringue
et qu’il fallait s’arrêter pour prendre le temps
de boire une bière et fumer. On s’arrêtait aussi
un peu de temps en temps, parce que cela ça fait mal, vraiment
mal.
La
dépêche du dimanche : Où est-ce exactement
les coins douloureux ?
Michel : Devant, sur l’os et derrière, sur le
tendon, c’est vraiment douloureux là, alors que partout
sur le reste de la jambe, je n’ai rien senti comme douleur.
La
dépêche du dimanche : Penses-tu te faire encore
tatouer ?
Michel : Oui, je vais en faire encore, parce que cela me rend
content, très content.
La
dépêche du dimanche : Comment cela, très
content ?
Michel : C’est presque impossible à dire pourquoi,
mais à titre d’exemple, si tu vois comment les touristes
regardent nos tatouages tu te sens fier d’être regardé
comme ça.
Tu sais et tu comprends que si tu n’avais pas ce tatouage,
ils ne te regarderaient même pas. C’est cette admiration
des autres qui me rend très content.
Avec le tatouage et les autres qui te regardent, tu te sens plus
fort, et mieux en dedans, mieux en toi-même.
Encadré :
Dernières
nouvelles
Le
grand prêtre, Raymond Graffe, a accepté de nous livrer
quelques secrets de Polichinelle que nous reproduisons ici :
La
dépêche du dimanche : Quelles nouvelles annoncez
vous ?
Raymond Graffe : Tout d’abord, il a une date absolument
incontournable, c’est le 10 juillet. Nous organisons à
l’OTAC une marche sur le feu, tout le monde est invité,
il faut venir pour se rendre et tous, marcher sur les pierres incandescentes
et faire revivre la puissance de nos traditions.
La
dépêche du dimanche : Est puisque nous parlons
de tradition, qu’annoncez vous, concernant le tatouage.
Raymond Graffe : Tu te souviens des trois jours de Tipaerui ?
Nous avions célébré comme une grande fête
du tatouage, nous recommençons à Pirae, du 28 juin
au 20 juillet, les tatoueurs seront présents, et pas des
moindres puisque Tavaearii, Roonui, Purotu et Vetea font partie
des invités. Nous pouvons être assurés de tatouages
de haute qualité avec ces prêtres tatoueurs qui représentent
l’élite actuelle du tatouage de Tahiti.
La
dépêche du dimanche : Toutes les fêtes de
juillet, avec le centre artisanal de Aorai Tini Hau, les tatoueurs
seront bien demandés. Quelles autres nouvelles ?
Raymond Graffe : Une autre date absolument incontournable,
c’est le 29 juin, parce que le défilé de la
fête du 29 commence avec les Tahiti Bikers en tête.
Ça c’est un événement, imagines seulement
nos belles Harley Davidson rutilant de tous leurs magnifiques chromes
et chevauchées par de merveilleuses femmes aux seins nus.
La
dépêche du dimanche : Aux seins nus ?
Raymond Graffe : Je plaisante un peu parce que les seins nus
c’est l’année prochaine. |