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Rencontre avec Hiro Cowan
Hiro
Cowan, adjoint du conservateur du Musée de Tahiti et ses
Iles, s’est déplacé à Raiatea, en 1978
pour étudier les traces d’occupations anciennes. Sa
principale découverte a été des peignes à
tatouer en os de chien.
Pour
la construction de la marina de Apoiti, des terrassements de déviation
de la route de ceinture avaient laissé apparaître des
pierres anciennes taillées.
Une mission de recherche a été confiée au Centre
Polynésien des Sciences Humaines qui comporte trois sections :
archéologie, Musée et traditions orales.
Elle dura deux mois, au cours desquels furent trouvés beaucoup
d’objet en nacre et coquillages, similaires à ceux
du site de Huahine, étudiés par le Professeur Sinoto
du Bishop Muséum de Honolulu. |
La dépêche du dimanche : Au cours de ces fouilles,
qu’avez-vous découvert ?
Hiro Cowan : Ce site est vraiment intéressant, riche
en nombreuses pièces, mais il est exceptionnel pour ces fameux
peignes à tatouer en os. Nous avons trouvé beaucoup
d’ossements de chiens, et sept pièces travaillées
à différents stades de finition. Trois peignes à
tatouer. Une pièce brisée et trois ébauches.
Une de ces ébauche présente des cannelures. Parmi
les objets, un fragment de mandibule de chien, laisse apparaître
nettement les traces de travail. C’est pourquoi nous pensons
que l’os utilisé pour la réalisation de ces
peignes est vraisemblablement de l’os canin.
La dépêche du dimanche : Vous avez ici une
mâchoire coupée en deux, est-ce une pièce antique ?
Hiro Cowan : Cette mâchoire a été découpée
dans l’atelier du musée, pour obtenir un élément
de comparaison. Cela a permis de vérifier que les cannelures
observées sur l’une des ébauches, pouvait être
l’empreinte des racines dentaires.
La dépêche du dimanche : C’est cela
qui permet de penser qu’il s’agissait d’une maison
de tatoueur ?
Hiro Cowan : Exactement, et cet emplacement est situé
proche d’un point d’eau, c’est un lieu habituel
de traces d’occupations anciennes. Pourtant, un fait à
noter, est qu’à Huahine, les peignes à tatouer
étaient faits de nacre, c’est ainsi que ces fouilles
de Raiatea ont permis de trouver une preuve de l’utilisation
d’os de chien pour la réalisation de peignes à
tatouer.
La dépêche du dimanche : A quelle époque
situez vous cette occupation ?
Hiro Cowan : Aucune analyse au carbone 14 n’a encore
été faite, mais nous estimons, en procédant
par analogie, que cette occupation se situe aux alentours de l’an
800 après Jésus-Christ.
La dépêche du dimanche : De quoi se compose
exactement ce gisement ?
Hiro Cowan : De grattoirs, de ciseaux, de couteaux, d’herminettes,
beaucoup d’outils concernant le travail de la nacre, avec
des limes en corail ou en oursin crayon pour limer la nacre. Pour
le définir plus largement, ce serait un lieu d’un maître
tatoueur.
La dépêche du dimanche : Serait-il possible
de rouvrir ces fouilles ?
Hiro Cowan : Je ne connais pas exactement l’importance
de ces ouvrages construits au dessus, mais je pense qu’il
serait possible d’en extraire plus de pièces
Propos
recueillis par Bernard Lompré
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