 |
Rencontre
avec Denis et Valérie
Ils sont en vacances, ils sont en Polynésie pour la première
fois, depuis un mois sur le territoire, et ont décidé
de venir après avoir sympathisé avec une étudiante
de Raiatea, qui les a invités chez elle.
Tout à la fin du séjour, ils prennent quelques jours
pour visiter Moorea, à la recherche de Chimé qu’ils
ont connus dans le guide Hachette.
Ils n’avaient aucune idée du tatou avant de venir,
ils ont découvert ici cet art, mais laissons la parole à
Valérie : |
Valérie : J’avais un peu peur de la douleur, c’est
la première fois que j’ai mal volontairement, maintenant
je n’aurai plus peur des piqûres et autres prises de
sang.
Denis : Je ne savais pas que c’était douloureux
et ça ne m’a pas gêné, la douleur n’est
qu’une sensation, il faut se détendre, ne pas chercher
à la combattre. J’ai fais beaucoup de sports, comme
le rugby et le judo, on expérimente la douleur sous de nombreuses
formes, mais jamais tout à fait volontairement.
Le tatou, c’est une approche intéressante de la douleur.
Valérie : J’ai choisi un coin que l’on peut
cacher facilement, mais c’est marrant avec ce margouillat
gravé sur ma cuisse, je sens que je n’ai plus peur
des petits animaux qui me terrifiaient avant, pour les araignées
ce n’est pas encore résolu, mis les lézards
ne me font plus peur, comme si j’étais protégée
par le tatou.
Le tatouage c’est différent du mariage parce que le
mariage on s’en défait plus facilement, et puis nous
ne sommes pas mariés mais ce tatou en est un peu une partie
de ce mariage sans papiers.
J’ai fait ce tatou pour avoir une petite œuvre d’art
sur moi, un symbole et aussi pour le faire avec Denis.
Denis : Mais non ce n’est pas moi qui ai entraîné
Valérie dans le tatou, c’est elle qui en a parlé
la première et qui m’a donné cette idée ;
moi je ne savais même pas que ça pouvait faire mal ;
j’ai appris ça hier et cela ne m’a pas fait changer
d’avis.
Le tatou occidental, je l’associais à la prison, je
pensais ça comme un passage obligatoire, mais je sais que
mon tatou polynésien est tellement ésotérique
qu’il ne pourrait sortir de quelque prison.
J’ai une bonne étoile, et par cela je la matérialise,
je pourrais lui parler directement.
Avant, je lui parlais en regardant le cial, maintenant je peux la
toucher, surtout dans les cas de doute, je sais qu’elle est
maintenant toujours avec moi, je la retiens de force.
Valérie : Ici avoir un tatou, ce n’est pas très
original, mais quand on rentrera à Paris, on portera plutôt
un signe de paix, celle qu’on a trouvé ici.
Denis : C’est justement cet abstrait qui me plaît,
ce n’est pas cartésien, dans la religion chrétienne,
il y a le bien et le mal, par contre dans le bouddhisme les choses
sont plus nuancées il y a le feu utile et le feu qui tue,
le feu lui-même n’est ni bien ni mal.
Les tatous occidentaux sont directement lisibles, explicables, ceux
d’ici sont fascinants, ils ont quelque chose d’ésotérique.
Bernard
Lompré
6ème
loi du tatou :
Eviter les noms et les lettres.
Même si vous êtes sûr de vous, que vous voulez
graver dans la peau celui de tel amour ou marque de moto, ne vous
le faîtes pas tatouer :
Marriez vous avec la fille ou collectionnez les motos, mais choisissez
pour votre peau la magie des smboles abstraits.
La beauté d’un dessin est infiniment plus riche que
quelques lettres, si vous voulez marquer votre amour pour elle,
au lieu d’écrire chérie je t’aime, dessinez
plutôt deux cocotiers entrelacés qui seront le symbole
de cet amour, ayant en plus la délicieuse privacité
du symbole. |