Apres 25 ans de tatouage, bernard lompre se dédie a la peinture d'art

Erik Lompré dessine votre futur tatouage

Dessin psychographique

Panorama des tatoueurs

Panorama des tatoueurs du centre ville
Il existe actuellement trois lieux où il est possible de se faire tatouer :

 

-Jordi Tattoo Shop, rue Leboucher

-Aroma Tatouages, Situé au 1er étage, au dessus du bar Taina.

-Les nouveaux salons du Calypso qui abritent Susana.

 

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D’origine catalane , Jordi est un homme qui laisse apparaître une combativité hors du commun. Son tattoo shop lui ressemble, pas de place à la poésie, portes verrouillées, on y rentre après avoir montré patte blanche.

 

La dépêche Dimanche : Que faisiez-vous avant de venir à Tahiti ?

 

Jordi : En 66 j’ai suivi une école d’art plastique, et je suis devenu peintre sur porcelaine. Ensuite j’ai travaillé à Limoge chez Philippon jusqu’en 69.
En 72, je me suis marié et j’ai monté un magasin de travail à façon pour les bijoutiers.

 

La dépêche Dimanche : Vous travailliez en fonderie alors ?

 

Jordi : Non, pas du tout, de l’émail, rien que de l’émail. Puis en 76, j’ai été sélectionné pour travailler à Versailles avec les meilleurs ouvriers de France en émaillag. Puis enfin en 1980, je suis venu à Tahiti.

 

La dépêche Dimanche : Vos occupations professionnelles dans l’émaillage avaient l’air intéressantes, pourquoi tout lâcher pour venir à Tahiti?

 

Jordi : Tout simplement parce que j’ai eu quarante ans et que depuis très longtemps, je m’étais pomis d’émigrer à Tahiti quand j’aurai cet âge là.

 

La dépêche Dimanche : Vous arrivez à Tahiti et que faîtes-vous ?

 

Jordi : Par chance, ma femme a trouvé du travail en tant qu’institutrice, et Michel Guérin, du jardin botanique, m’a beaucoup aidé.
A cette époque, il existait un salon de tatouage Avenue Prince Hinoï qui avait été crée par Sibani…

 

La dépêche Dimanche : Sibani ?

 

Jordi : Oui, oui, le Sibani des perles, il n’y en a pas trente six. Je lui ai donc racheté son matériel et j’ai pris alors une patente.
Le métier de tatoueur n’existait pas dans les registres et il a été créé à ma demande.
C’est comme ça que je suis devenu le premier tatoueur patenté de Tahiti.
Je suis resté ainsi douze années à Prince Hinoï, et j’ai installé mon salon rue Leboucher voici deux ans seulement.

 

La dépêche Dimanche : En 1980, ce n’était pas encore la mode du tatouage, comment ça marchait votre salon alors ?

 

Jordi : En tant que tatoueur j’ai bien souvent crevé de faim, jusqu’en 85 où il y a eu une mode avec Tavana, Graffe et ceux-là, mais cela a été stoppé net à cause du Sida en 86 et 87, c’était difficile !
Peu à peu les gens ont regagné confiance vers 90 et 91, mais la vrai mode du tatouage, c’est maintenant. Par exemple, en 91 il y avait 60 tatoueurs en France, En 95 on en décompte 2000, et plus de 5000 machines ont été vendues au cours de l’année dernière en France.

 

La dépêche Dimanche : Actuellement, quel avenir, quels projets ?

 

Jordi : Oh pas grand chose, je pense qu’à 55 ans, on a la vie derrière soi, je m’intéresse aux conventions de tatouage aux USA, où je cherche à vendre mes dessins originaux. Hors du tatouage, je pratique des sports dangereux comme le parachute, et je passe mon brevet de pilote.

 

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Aroma Salmon, a commencé le tatouage à douze ans, sur les bancs de l’école. Tous ses copains voulaient de ses tatouages. Il les tatouait, alors, avec des aiguilles à coudre et à la main.
Plus tard il expérimente différents types de machine artisanales, jusqu’à ce qu’il rencontre Bruno.
Bruno a ouvert en 91 le studio situé au dessus du bar Taina, puis en 94, il quitte Tahiti, cédant son local à Aroma.

 

La dépêche Dimanche : Bruno vous a vendu son commerce n’est-ce pas ?

 

Aroma : Pendant les six derniers mois de sa présence, nous avons travaillé ensemble.
Il m’a montré comment on se sert des machines professionnelles, et je lui ai racheté tout son matériel quand il a quitté Tahiti. Bruno m’a essentiellement montré la part technique car, ce qui m’a toujours passionné, c’est le dessin, j’ai mon style et je prends mon pied quand je dessine.

 

La dépêche Dimanche : Quelle est cette musique dans le studio ?

 

Aroma : C’est Death Metal, c’est avec cette musique que je trouve mon inspiration, c’est aussi cette musique qui plaît à ma clientèle.
En plus du tatouage, on joue de la musique dans le groupe Abrigor, pour moi la musique c’est indispensable au tatouage.

 

La dépêche Dimanche : Et vos clients tatou aiment cette musique ?

 

Aroma : 80% de mes clients sont des militaires, tous branchés dans cette musique, c’est une musique extrêmement violent et morbide entraînant des inspirations où la mort, les cadavres sont monnaie courante. Les scènes d’horreur cannibales me sont aussi souvent demandées…

 

La dépêche Dimanche : Et comment vous sentez vous à tatouer de telles scènes d’horreur cannibale ?

 

Aroma : Je ne porterais pas sur moi ce type de dessins, mais je dois dire que je prends mon pied quand même, surtout on s’éclate avec les couleurs et les dégradés, c’est différent du noir et blanc comme je faisais avant.
Mais quand un client désire ce genre de tatouage Death Metal, je m’assure toujours au moins deux fois que c’est bien cela qu’il veut, avant de commencer mon dessin.

 

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Susana, de passage sur le territoire. Elle pratique son art dans les salons situés au premier étage, au dessus du bar le Calypso.
La précision de son trait et la finesse de ses modèles en font une artiste qui sort du rang.

 

La dépêche Dimanche : Susana n’est pas polynésienne ?

 

Susana : Je suis portuguaise et ai réalisé des éudes d’art graphique à l’école Antonio Arroyo de Lisbonne, puis j’ai beaucoup voyagé et suis actuellement de passage en Polynésie française, en provenance des USA et en oute pour les Samoa occidentales, pour le festival des arts traditionnels en septembre prochain.

 

La dépêche Dimanche : Comment êtes-vous venue au tatouage ?

 

Susana : C’est aux Etats-Unis que j’ai été formée aux techniques du tatouage et j’en utilise le matériel, et les techniques les plus aseptiques qui soient, je stérilise les tubes et les porte-aiguilles entre chaque client, j’utilise systématiquement des aiguilles neuves.

 

Susana : J’ai commencé avec une machine artisanale aux Etats-Unis, puis je me suis équipée avec deux machines professionnelles « ultra-light » qui conviennent bien à une femme.

 

La dépêche Dimanche : Vous tatouez aussi des motifs maohi ?

 

Susana : Ce qui m’a le plus impressionnée en arrivant sur le territoire est l’omniprésence des tatouages ainsi que la qualité des motifs dont la partie abstraite leur confère une sorte de magie dans laquelle je me sens parfaitement à l’aise.
Beaucoup plus qu’un apprentissage aux motifs maohi, je ressens profondément le rythme du dessin maohi et cela a été un passage fondamental de l’évolution de mon métier.
Actuellement je m’amuse à redessiner à la mode locale tout un tas de motifs traditionnellement non représentés, chaque tatouage doit être unique et si le motif principal peut être issu des motifs ancestraux, je ne l’utilise jamais deux fois de la même manière

 

La dépêche Dimanche : Vous vous amusez à dessiner ?

 

Susana : Quand les clients ne sont pas satisfaits des motifs présentés dans mon catalogue, nous avons ensemble une discussion au cours de laquelle je ressens ce qu’il leur faut. Ensuite je réalise pour eux un dessin personnalisé et souvent à le regarder ils disent « tiens c’est exactement ce que je voulais ».
Le choix du motif est une histoire passionnelle, beaucoup de mes clients me sont adressés après avoir vu l’un de mes dessin porté par un ami.

 

La dépêche Dimanche : Vous aimez votre métier ?

 

Susana : Le côté de mon métier le plus passionnant est que le dessin une fois représenté sur la peau se met à bouger avec chaque mouvement, il devient vivant et c’est en cela que c’est formidable de dessiner sur la peau.
Un autre côté passionnant est la transmission d’énergies pendant le tatouage, je transmets de la force au client, qui devient chez lui une profonde joie.
Quand il s’agît du premier tatou, il va découvrir une autre dimension de lui-même, il en ressort une autre personne.
Mais ceci est réciproque, je ressens une grande énergie à la fin de chaque tatou, cela me donne de la force et une intense joie.
C’est ainsi que j’adore absolument mon métier.

 

Propos recueillis par Bernard Lompré

Dans la lignée de Raymond Graffe